Battre en retraite ou riposter en Afrique du Sud - Fromagers italiens en quête d'immunité - Surplace pour accélérer au Bangladesh

Battre en retraite de RDC et/ou riposter aux États-Unis : dilemmes de l'Afrique du Sud - Mozzarella et parmesan : capitaliser sur la cote politique de l'Italie à Washington - Statut de "pays le moins avancé" : plaidoyer des industriels du Bangladesh (...)

L'envers du globe
10 min ⋅ 13/03/2025

Je suis Benaouda Abdeddaïm, éditorialiste international à BFM Business. Je vous propose un regard décentré sur l’actualité mondiale : un choix d’événements négligés, où s’imbriquent économie et géopolitique dans des enjeux décisifs. Abonnez-vous pour une perspective sans a priori et explorez ainsi des faits qui éclairent le monde autrement.

| SOMMAIRE

  • MOUVEMENTS DE FOND
    Battre en retraite de RDC et/ou riposter aux États-Unis : dilemmes de l'Afrique du Sud

  • REPÈRES STRATÉGIQUES 
    - Fromagers italiens en quête d’immunité à Washington
    - Un brise-glace polaire finlandais pour le Canada
    - Amertume entre partenaires du Mercosur autour d’un fauteuil

  • LECTURES PARTICULIÈRES
    - Un surplace au Bangladesh dans l’espoir d’accélérer
    - Ne pas acheter le Groenland, acheter ses minerais
    - Quitter Princeton pour Pékin vers une recherche cruciale

| MOUVEMENTS DE FOND

Battre en retraite de RDC et/ou riposter aux États-Unis : dilemmes de l'Afrique du Sud

“Les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l'Afrique du Sud après la Chine, et la perte de l'accès préférentiel pourrait entraîner des pertes de revenus, des suppressions d'emplois dans les secteurs axés sur l'exportation, (…) ainsi qu'un ralentissement de la croissance économique.”

Marvellous Ngundu, chercheur en économie, consultant du programme Futurs et innovations africaines de l’ISS (Afrique du Sud) - Source : L’envers du globe

Hégémonique : Partir, il n’est que temps. Fin janvier, 14 soldats sud-africains de maintien de la paix ont perdu la vie à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), tués par le mouvement rebelle congolais M23 soutenu par le Rwanda. Mabutho Shangase est de ceux qui plaident vigoureusement un retrait. Ce maître de conférences de science politique de l’Université du Nord-Ouest (Afrique du Sud) déplore que son pays soit “fasciné par le prestige” que lui confère une perception de puissance régionale “hégémonique”. Partir, sinon le risque apparaît de “compromettre d’autres rôles de leadership ailleurs dans le continent” africain sur un plan diplomatique, humanitaire, culturel ou économique. Une thèse à laquelle souscrit Christopher Vandome, chercheur principal au sein du programme Afrique de Chatham House (Royaume-Uni), pour qui “les objectifs plus larges de la politique étrangère de l'Afrique du Sud, notamment la poursuite de la réforme de la gouvernance internationale, la promotion des droits de l'homme et la diplomatie économique pour apporter des avantages monétaires, demeurent cohérents et relativement intacts”.

Réputation : Néanmoins, ce ne sont pas de vastes considérations de politique étrangère qui remonteront le moral de l’appareil de défense. Lindy Heinecken, de l’Université de Stellenbosch (Afrique du Sud), auparavant directrice adjointe du Centre d'études de l'Académie militaire sud-africaine, constate dans les rangs “un sentiment d’abandon qui affecte la confiance dans le commandement militaire et entraîne une hausse des adhésions syndicales”, un droit du soldat reconnu par la Cour constitutionnelle depuis plusieurs années. S’en sortir sans dommages, il ne faudrait donc plus y songer. Stephanie Wolters, qui a travaillé en RDC, et suit à présent, depuis Johannesburg, la région des Grands Lacs pour l’Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA), estime que la “réputation de l’armée est touchée, n’ayant pu ni se défendre contre le M23, ni libérer les zones conquises” par cette rébellion. Comment ensuite prétendre, sur ce point, remplir un rôle de “pays utile” ? Telle est l’issue d’une tentative “de jouer deux rôles incompatibles : soldats de la paix et combattants”, selon Walter Dorn, du Collège militaire royal du Canada. Fort de son expérience de terrain auprès de la mission des Nations unies en RDC, il estime qu’en “combattant aux côtés des forces gouvernementales de la RDC, l’armée sud-africaine est devenue partie au conflit”.

Embarras : Quelles suites ? Aucune information officielle ne filtre. Il serait question d’un schéma de retrait à exposer aux dirigeants de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont les ministres des Affaires étrangères se réunissent jusqu’à vendredi au Zimbabwe. À ce stade, une hypothèse veut que dans les prochains jours, Pretoria rapatrie ses bataillons de la mission de la SADC, après ceux du Malawi et de la Tanzanie. Ensuite, en raison du “profond embarras que cela entraînera” et “afin de sauver la face”, pense Phil Clark, spécialiste des conflits des Grands Lacs à la l’École d’études orientales et africaines (SOAS) de Londres, il y aura probablement la conservation d’effectifs qui contribuent à la mission de maintien de la paix de l'ONU, dont ceux envoyés il y a quelques semaines. Mais plus les jours et les déconvenues passent, plus des voix au sein de la majorité parlementaire réclament de l’exécutif qu’il passe à l’acte, ce qui ne fait qu’accroître l’inconfort de la démarche du président Cyril Ramaphosa, tenu et contraint par “la nature démocratique de la société sud-africaine”, juge Stephen Grootes, éditorialiste économique de la radio 702 au Cap, à la différence de celle “dictatoriale” de son homologue rwandais, Paul Kagame. À moins que la médiation de l’Angola, désignée par l’Union africaine, fonctionne et épargne à l’Afrique du Sud un départ mal maîtrisé. Mardi, Luanda a annoncé de prochaines “négociations directes” entre le gouvernement congolais et le M23, alors que jusqu’ici Kinshasa se refusait à des pourparlers avec le mouvement armé.

Intérêts miniers : En attendant, Kigali distille le soupçon d’un président sud-africain influencé par des cercles industriels de son pays et qui ne naviguerait dans sa politique congolaise qu’au gré de ses affaires personnelles. Avant de renouer avec la politique en 2012 au sein de la direction de l’ANC (Congrès national africain, au pouvoir depuis les élections de 1994) et après ses années de militantisme anti-apartheid, Cyril Ramaphosa a investi avec beaucoup de succès par le biais de Shanduka, sa holding familiale présente entre autres dans l’exploration minière et l’énergie. Dans un message début février sur le réseau X, la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a affirmé que “les Sud-Africains méritent de connaître la vérité”, en réclamant de leur chef de l’État que celui-ci divulgue ses “intérêts miniers” en RDC.

Financement bancaire : Mais à l’examen, c’est depuis plus de deux décennies que Pretoria veille à ce que les appels d’offres de cet immense pays d’Afrique centrale, sur des financements multilatéraux, fasse très bon accueil aux entreprises sud-africaines, dans le sillage d’un précédent accord de paix en 2002, signé sous les auspices du président sud-africain Thabo Mbeki et ayant soldé quatre années de conflit entre l’ex-Zaïre et le Rwanda. Les établissements bancaires sud-africains Standard Bank, FirstRand, Absa Bank et Nedbank disposent de capacités sans pareil dans la région pour financer les activités d’extraction. La spécialiste Letitia Jentel, qui vient de corédiger pour le SAIIA un document sur les chaînes de valeur minières en Afrique, admet que les compagnies sud-africaines disposent, certes, d’intérêts substantiels au Congo avec un “potentiel d’engagement” supplémentaire en cas de clarification réglementaire, pour aussitôt préciser que “leur implication dans l'extraction du cuivre et du cobalt n'est pas aussi importante que celle d'autres acteurs internationaux”. L’argument d’une mainmise sud-africaine au travers des groupes miniers African Rainbow Minerals, Anglo American Platinum et autres Glencore South Africa ne tiendrait donc pas.

Arc-en-ciel : La diplomatie rwandaise a pu vouloir tabler sur l’hostilité affichée désormais à Washington pour la dite “nation arc-en-ciel”, concept avancé en 1993 par l'archevêque anglican du Cap et prix Nobel de la paix Desmond Tutu, dans son prêche aux obsèques de Chris Hani, héros assassiné de la lutte contre l’apartheid. Toutefois, pour l'heure, l’administration Trump ne semble pas vraiment sensible aux manœuvres d’approche de Kigali : le Trésor américain vient d’imposer des sanctions à James Kabarebe, figure militaire tutélaire et ministre d’État rwandais, l’accusant d’être “au cœur” de l’extraction illégale de minerais critiques en RDC (cf. L’envers du globe du 27 février). “Injustifié et infondé”, a réagi le gouvernement rwandais.

Asile : Pour autant, cela ne signifie en rien que la Maison-Blanche ait l’intention de revenir à de meilleurs sentiments à l’endroit de la “nouvelle” Afrique du Sud. Les ministres américains des Affaires étrangères et des Finances n’ont pas jugé utile de se rendre aux réunions du G20 organisés par ce grand émergent, qui en exerce la présidence tournante. Illustration du fossé qui se creuse, jeudi dernier, la présidence sud-africaine a annoncé que les États-Unis ont quitté le “Partenariat pour une transition énergétique juste” avec la première économie du continent africain, destiné à financer sa sortie du charbon, quand bien même Pretoria assure que Washington n’aurait pas prêté ses fonds à un taux d’intérêt inférieur à ceux du marché. Le 7 février, Donald Trump a signé un décret traitant des “graves violations des droits de l’homme commises en Afrique du Sud”, assimilant sa volonté de mener une réforme agraire à une législation de “confiscation des terres qui vise à saisir les biens de citoyens défavorisés sans compensations”. La position officielle américaine est désormais qu’il y a “discrimination flagrante” envers les Afrikaners “descendants des minorités ethniques de colons”, arrivés d’Europe à partir du XVIIè siècle. Dans le fil de ce raisonnement, le président Trump a promis l’asile et la nationalité américaine à tout agriculteur Afrikaner et sa famille “cherchant à fuir ce pays”. Vincent Magwenya, le porte-parole du président Ramaphosa, a alors affirmé que l’Afrique du Sud “n’allait pas participer à une diplomatie du mégaphone contre-productive”.

Trahison : Au demeurant, avant-hier, le chef de l’État sud-africain, devant son Parlement, a pointé du doigt le groupement d’intérêt afrikaner AfriForum et le syndicat de travailleurs de culture afrikaans Solidarity, en les accusant de diffuser auprès de Washington de “fausses informations” sur leur propre pays. “Je considère cela comme antipatriotique”, a-t-il proclamé, en ajoutant que les forces de l’ordre “devraient examiner” si leurs actions ne relevaient pas d’une “trahison”. Toujours devant les parlementaires, malgré ce décret du 7 février, le président Ramaphosa a soutenu que les États-Unis restaient “un partenaire stratégique et historique”, avec lequel est maintenu “un engagement actif par le biais de canaux politiques, diplomatiques et économiques”. Il est rapporté par le Mail&Guardian (Johannesburg) qu’une délégation serait envoyée à Washington “en vue de proposer un accord commercial à [Donald] Trump (…) dans une approche transactionnelle”, au risque de trouver porte close. Essayer de faire le dos rond, sans renoncer aux fondamentaux de la politique étrangère de l’ANC, dont celui de la cause d’un État palestinien indépendant, dans un parallèle sud-africain avec la libération du joug du régime d’apartheid. Quand bien même la Maison-Blanche reproche à Pretoria “qu’à peine deux mois après les attentats terroristes du 7 octobre contre Israël, l’Afrique du Sud a accusé Israël, et non le Hamas, de génocide devant la Cour internationale de justice”. Pour Julius Sello Malema, le chef des Combattants pour la liberté économique, une formation nationaliste noire dissidente de l’ANC, la chose est entendue : “L’agression américaine contre l’Afrique du Sud n’est rien d’autre qu’une vengeance d’Israël pour notre position morale en faveur de la Palestine.”

Désuète : Dans des déclarations à L’envers du globe, Mark Burke, porte-parole aux Finances de l’Alliance démocratique (principal partenaire de l’ANC au sein de la majorité parlementaire formée en juin 2024), déplore “les conséquences d’années de négligence et d’incurie dans les relations avec les États-Unis, ainsi que les effets d’une politique désuète de l’ANC”. Ce député met en exergue la perte des fonds américains pour le programme national de lutte contre le VIH-Sida, qui représentent 20 % de ce budget de santé publique. La crainte qu’exprime ensuite Mark Burke tourne autour d’une suppression de l’accès préférentiel au marché américain, ce qui risque de peser sur les secteurs sud-africains de l’automobile et de agriculture. Tout autant, Marvellous Ngundu, consultant économique du programme Futurs et innovations africaines de l’ISS (Afrique du Sud), place en tête de ses préoccupations le risque de “pertes à l’exportation” dans ces filières, mais aussi celles de l’exploitation minière et l’industrie manufacturière, dès lors que “les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial du pays après la Chine”. Conséquences à l’horizon, outre “les suppressions d’emplois et le ralentissement économique”, le retrait de ces aides fédérales américaines “pourrait dissuader les entreprises américaines” de venir investir”, ce qui serait susceptible “d’affaiblir la confiance économique et entraîner une dépréciation” du rand, la devise nationale. L’épreuve de force extérieure s’amplifie tandis que la coalition gouvernementale cherche désespérément son compromis sur le projet de budget annuel, qui doit combler un trou de 9,5 milliards d’euros sur trois ans. Le ministre (ANC) des Finances, Enoch Godongwana, ne parvient toujours pas à faire passer la taxe sur la valeur ajoutée de 15 % à 17 %, dans un contexte où la croissance ne devrait pas même atteindre un rythme de 2 %, avant tout du fait d’infrastructures chroniquement défaillantes, en particulier dans l’approvisionnement électrique.

Partenaire UE : En amont, les dégâts sur la confiance des entreprises sont actés. Tout en soulignant que les “accusations” du président américain visant son pays “ne sont pas fondées sur des informations exactes” Lisette IJssel de Schepper, économiste en chef du Bureau sud-africain de recherche économique, relève que nombre d’entrepreneurs sud-africains interrogés dans l’enquête trimestrielle du BER corrèlent “la dégradation des relations avec les États-Unis” à un “impact négatif sur les décisions d’investissement et d’emploi”. Cette économiste comme son collègue de l’ISS craignent que Pretoria soit écarté de l’AGOA, la loi américaine sur “la croissance et les possibilités en Afrique” adoptée en 2 000, qui offre des accès au marché américain en franchise de droits. Marvellous Ngundu pense, cependant, que cela pourrait inciter à une diversification accrue des relations commerciales de l’économie la plus industrialisée du continent, “renforçant ainsi ses liens avec la Chine, l'Union européenne (UE), les pays BRICS+ et d'autres marchés émergents”. À cet égard, Cyril Ramaphosa accueille aujourd’hui, au Cap, le 8e sommet UE-Afrique du Sud. Le secrétariat général du Conseil européen précise qu’avec 49,5 milliards d’euros d’échanges de marchandises en 2023, l’Afrique du Sud forme le partenaire numéro 1 de l’UE en Afrique sub-saharienne. Proportion marquante, près de la moitié du stock d’investissements directs étrangers du pays proviennent du bloc européen. Bruxelles veut ainsi croire qu’en ”s’appuyant sur ces tendances positives” et en “abordant les irritants commerciaux”, il y a moyen “d’explorer de nouvelles pistes”. Pour Pretoria, le grief premier porte sur la taxe carbone aux frontières de l’UE, en cours de mise en place, perçue comme un pur outil protectionniste européen. Rien d’insurmontable aux yeux de l’analyste sud-africain de politique étrangère Peter Fabricius, qui décrit, dans le Daily Maverick, un rapprochement ce jeudi entre deux “victimes d’abus” du président des États-Unis.

| REPÈRES STRATÉGIQUES

Fromagers italiens en quête d’immunité à Washington

Surtaxes : Dès après l’élection présidentielle américaine, en novembre dernier, les producteurs italiens de fromage “premium” ont accéléré leurs envois vers les États-Unis, dans l’intention d’échapper autant que possible aux surtaxes douanières de 25 % qui s’annonçaient. Pour le parmigiano reggiano (parmesan), en appellation d’origine contrôlée, il s’agit même du premier débouché extérieur, à 22,5 %.

Mozzarella : Le secteur s’est lancé dans une offensive de communication à destination de Washington, en escomptant que les bonnes dispositions de l’administration Trump à l’endroit du gouvernement italien de droite aboutissent à des exemptions de droits, comme a déjà pu en bénéficier en 2019 la mozzarella di bufala. Un représentant de la filière évoque, dans le Corriere della sera, une “action diplomatique préventive”.

Un brise-glace polaire finlandais pour le Canada

2030 : La société canadienne Davie, propriétaire des chantiers navals d’Helsinki, Shypyard Oy, a conclu un contrat de quelque 2 milliards d’euros avec le gouvernement libéral canadien sortant pour un brise-glace “lourd”. Ce navire de recherche et d’intervention sera construit en Finlande et achevé au Québec, avec une livraison prévue en 2030. Ce chantier finlandais fournit, à lui seul, 60% de la flotte mondiale de brise-glaces.

Dissuader : L’acquisition est présentée comme “accélérée”. Le Canada est “pressé de faire sentir sa présence dans l’Arctique en raison de l’intérêt croissant de puissances étrangères pour la région”, explique le journal québécois La Presse. Le Service canadien du renseignement de sécurité insiste sur sa mission de “détecter, dissuader et contrer les activités d’ingérence étrangère des États hostiles ciblant l’Arctique”.

Amertume entre partenaires du Mercosur autour d’un fauteuil

Consensus : Le secrétariat général de l’Organisation des États américains (OEA), instituée en 1948, revient au chef de la diplomatie du Suriname, Albert Ramadin, qui a recueilli lundi la majorité des suffrages des pays membres. Ce social-démocrate a fait campagne sur un retour à un modèle de “consensus”. Pour la première fois, un représentant de la Communauté des Caraïbes accède à la tête de l’administration de l’OEA.

Abrupt : Ce n’est aucunement ce que retient le Paraguay, dont le ministre des Affaires étrangères, Ruben Ramirez Lezcano, s’est incliné peu avant. L’amertume s’avère telle que le président paraguayen, Santiago Peña, a prononcé une allocution solennelle visant des “pays amis de la région” (Brésil et Uruguay) et le retrait “abrupt” de leur soutien. La solidarité du Mercosur, marché commun d’Amérique du Sud, n’a pas fonctionné.

| LECTURES PARTICULIÈRES

Un surplace au Bangladesh dans l’espoir d’accélérer

PMA : Les acteurs du secteur privé du Bangladesh prient le gouvernement de reporter d’au moins 2 ou 3 ans la demande auprès des Nations unies de ne plus être classé dans la catégorie des “pays les moins avancés”. Lundi, réunis à la Chambre de commerce et d’industrie de Dacca, ils ont fait valoir que 73 % des exportations bangladaises bénéficient de franchises de droits liées à ce statut de “maillon le plus faible et le plus pauvre”.

Biais anti-exportation : Le prêt-à-porter fournit au Bangladesh 85 % de ses recettes en devises sur les ventes de marchandises. Un article ce trimestre de l’Asian Economic Policy Review (Japon) examine les “obstacles à la diversification”. Un “biais anti-exportation” s’est formé du fait de cette spécialisation excessive, qui évince d’autres domaines susceptibles d’attirer des investissements directs étrangers et prospérer.

Ne pas acheter le Groenland, acheter ses minerais

Indépendance : L’opposition “sociale-libérale” est arrivée, hier, en tête des élections législatives au Groenland. La poussée des nationalistes de Naleraq, la formation la plus engagée pour l’indépendance, retient davantage l’attention. Les tractations afin de constituer une majorité sont lancées, avec en arrière-plan la ferme volonté du président Trump de rattacher aux États-Unis ce territoire autonome du Danemark.

Potentiel : L’été dernier, dans la publication trimestrielle allemande Internationale Politik, des chercheurs de la fondation américaine Carnegie suggéraient aux États-Unis et à l’Europe de s’intéresser ensemble à l’immense potentiel minier du Groenland, en s’appuyant sur ses partis politiques, qui ont tous dit “reconnaître” l’importance d’investir dans le secteur minier… Une coordination euro-américaine qui n’aura pas lieu.

Quitter Princeton pour Pékin dans une recherche cruciale

Fusion nucléaire : Liu Chang a quitté les États-Unis pour la Chine, de l’Université de Princeton à celle de Pékin. Un retour aux sources dix ans plus tard pour ce spécialiste chinois de la physique des plasmas qui travaille sur la fusion nucléaire et pourrait, ainsi, bouleverser la transition énergétique mondiale. En 2023, dans la Physical Review Letters, l’étude qu’il a dirigé a été considérée comme “une approche prometteuse”.

Mille talents : En 2010, l’État chinois lançait le programme “Mille jeunes talents”, proposant à de tels jeunes universitaires de haut calibre, partis à l’étranger, un financement et des avantages divers pour revenir. Trois chercheurs chinois ont analysé 339 dossiers de scientifiques ayant accepté et 73 ayant refusé. Leur constat (étayé) : une productivité accrue en termes de publications de premier plan parmi ceux qui sont rentrés.

———————————

Comment percevez-vous tous ces dilemmes de l’Afrique du Sud ? Est-ce qu’un autre sujet de la lettre retient votre attention cette semaine ? Vos réactions sont les bienvenues : lenversduglobe@bfmbusiness.fr

Prochaine édition le jeudi 20 mars. 

Benaouda Abdeddaïm

L'envers du globe

L'envers du globe

Par Benaouda Abdeddaïm

Bonjour, je suis Benaouda Abdeddaïm, journaliste féru de relations internationales, éditorialiste sur la chaîne d’information économique BFM Business. J’y interviens autour des questions mondiales - économie et géopolitique - dans différentes tranches et émissions, en mettant en lumière des sources “d’ailleurs” pour une analyse distanciée. En outre, je suis chargé d’enseignement au master d’affaires internationales de l’Université Paris Dauphine. Avec cette newsletter, chaque jeudi dans votre messagerie, vous pourrez obtenir des paramètres clés qui éclairent le monde autrement.

Les derniers articles publiés